Qu’est-ce tu penses doudou du don ?

 

La scène se déroule sur le plateau de l’émission « mille et une vies » animée par Frédéric Lopez. Mme Icsi livre son témoignage sur le thème du jour, « devenir mère par don d’ovocytes ». Le plateau rappelle un intérieur cosy, propre aux confidences, avec un grand canapé, un plaid confortable, des objets familiers dans une ambiance « campagne chic ». C’est évidemment au cœur de Paris, dans une pièce truffée de caméras.

Frédéric Lopez : Soyez la bienvenue Canette ! Je peux vous appeler Canette d’ailleurs, en toute bienveillance ?

Mme Icsi : Bien sûr Fred, cela me va très bien.

Frédéric Lopez : Installez-vous ! Vous voulez un thé mariage frères, un jus de goyave bio ou une infusion détox des montagnes de l’Himalaya ?

Mme Icsi : Merci, j’ai trop bu de tisane d’allaitement, je sature dès que je vois un mug. Je vais plutôt prendre une bonne bière fraîche sans alcool, si vous avez ça en régie…

Frédéric Lopez (après un blanc…) : Euh… avec plaisir ! Alors, votre histoire est juste incroyable, mais je vais vous laisser nous la raconter. Je crois que tout a commencé il y a sept ans, c’est ça ?

Mme Icsi : Bientôt huit ans, en fait. Une histoire ordinaire d’un couple qui s’aime, et qui décide d’avoir un enfant. J’arrête la pilule, j’ai trente trois ans, et je pense que je vais être enceinte au prochain cycle…

A l’écran apparaît une photo d’une canette rayonnante, avec un large sourire, en train de faire le pitre.

Frédéric Lopez : Ah oui, vous étiez vraiment optimiste !

Mme Icsi : Complètement idiote, oui ! J’étais persuadée que nous allions pouvoir enchaîner les bébés avec mon canard, ce merveilleux canard que j’avais mis du temps à rencontrer mais dont j’étais certaine qu’il serait un père formidable. Je commençais même déjà à parler de ce bébé qui allait venir autour de nous, comme pour prévenir que nous allions bientôt être parents, c’est sûr. Bon, et bien sur ce coup là, je me suis complètement plantée ! Bonjour l’intuition féminine !

Frédéric Lopez : Mais c’est bon dans la vie d’être optimiste, vous ne pensez pas ? C’est un moteur formidable et nous aurons tout à l’heure avec mes amis une séquence sur les initiatives géniales de gens merveilleux et bienveillants ! Un moment juste magique que l’on partagera tous ensemble, comme dans cette yourte dans laquelle j’avais séjourné en Mongolie. Mais je m’égare…

Mme Icsi (qui se demande ce que Frédéric Lopez a fumé en coulisses) : Etre optimiste, oui, mais si naïve, je ne sais pas… Enfin bref, je pensais que je retournerais vite fait chez ma gynéco avec un test de grossesse positif en poche et un bébé joufflu neuf mois plus tard. Mais cela ne s’est pas du tout passé comme ça. Les mois et les mois ont passé, sans test positif du tout. Les câlins devenaient programmés, stressants, sans abandon, en calculant les dates… Enfin, toutes les « pmettes » vous raconteront cela. J’ai commencé à m’inquiéter, et je suis donc retournée chez ma gynécologue.

Frédéric Lopez : Et qu’est-ce qu’elle vous dit à ce moment là ?

Mme Icsi : Qu’à mon âge, cela ne pouvait pas marcher aussi vite, qu’il fallait que je me détende, que l’on parte en vacances, que je relâche un peu la pression dans mon boulot…

Frédéric Lopez : Et vous en avez pensé quoi ?

Mme Icsi : D’abord, je me suis sentie vieille d’un seul coup. Je n’avais pas réalisé que je n’étais déjà plus « jeune » aux yeux d’un médecin. Cela m’a fait un choc. Et puis on me reprochait finalement mon impatience. Je pouvais l’entendre au bout de six mois d’essai, mais cela faisait déjà plus d’un an et je n’étais pas convaincue du tout. On a donc pris un rendez-vous dans un service de PMA à l’hôpital pour parler de notre cas.

 Frédéric Lopez : Cela a dû être difficile de prendre ce rendez-vous. Et comment s’est-il passé ?

Mme Icsi : C’est bête, mais en salle d’attente, avec mon canard, on se sentait honteux, on regardait nos pieds. Si on avait su le temps que l’on allait passer dans ces foutues salles d’attente, cela nous aurait achevé sur place ! Plus tard, c’est à ce sentiment de gêne que l’on reconnaîtra les « nouveaux » du monde de la pma qui arrivent en salle d’attente. En fait, c’est comme si cela ne pouvait pas nous arriver, à nous. Et puis après une longue attente cela a été notre tour. On est tombé sur un médecin assez froid, qui nous a simplement donné des ordonnances pour les examens de routine : spermogramme pour mon canard, prise de sang pour moi et la fameuse « hystérosalpingographie » (cela ferait un bon score au scrabble, tiens)… Et voilà, débrouillez-vous avec ça, revenez quand vous aurez les résultats.

Frédéric Lopez : Il ne vous a pas donné l’adresse de spécialistes pour faire ces examens ?

Mme Icsi : Non, justement. J’y suis donc allée au pif, sans savoir d’ailleurs en quoi consistait vraiment cet examen. Et je suis tombée sur un radiologue qui ne connaissait visiblement rien à l’anatomie féminine : dès la pose du speculum, c’était un cauchemar, je me tordais de douleur, il n’a même pas pu finir l’examen !

Frédéric Lopez : Cela commençait mal !

Mme Icsi : C’est traumatisant, vous voulez dire ! Je suis rentrée en larmes en expliquant à mon canard que l’on ne pourrait pas passer par la médecine, c’était trop dur, au-dessus de mes forces.

Frédéric Lopez : Et finalement ?

Mme Icsi : Finalement, le temps a passé, j’ai discuté avec une amie qui avait eu une petite fille grâce à la pma et elle m’a conseillé de faire cet examen avec une gynécologue qu’elle connaissait bien. Je suis donc allée voir ce praticien, en lui racontant mon histoire. Je suis retournée affronter mon traumatisme en tremblant, c’était déjà un an plus tard.

Frédéric Lopez : Et cette fois ?

Mme Icsi : Cette fois cela s’est très bien passé, ce n’était pas si douloureux, juste un peu désagréable. Et en plus il n’y avait rien d’anormal à l’examen, j’étais donc rassurée. J’en ai beaucoup voulu à ce radiologue de m’avoir violentée à ce point, et de m’avoir fait perdre un temps si précieux.

Frédéric Lopez : Du coup quel était le bilan de tous ces examens ?

Mme Icsi : Le bilan « de l’époque », c’est que ce gynécologue ne trouvait rien d’anormal. Mais puisque nous insistions, pour nous rassurer, elle nous a proposé de faire des inséminations, histoire d’augmenter nos chances à chaque cycle. Cela se passait dans son cabinet, c’était une entrée en matière plus douce qu’à l’hôpital.

Frédéric Lopez : Cela devait vous faire bizarre, non ?

Mme Icsi : C’est vrai. On se baladait avec les zoïdes de mon canard dans une boîte hermétique prêtée par le labo qui heureusement n’était pas très loin… On peut dire que cela fait des souvenirs ! Bon, finalement cela n’a rien donné et, rétrospectivement, c’était totalement inutile vu notre dossier, sauf pour payer des honoraires à ce gynéco. On est tombé sur quelqu’un de franchement incompétent car les inséminations n’avaient aucun intérêt compte tenu du spermogramme du canard.

Frédéric Lopez : Du coup vous retournez à l’hôpital, c’est bien cela ?

Mme Icsi : C’est ça. On sentait déjà que l’on était sur une mauvaise voie. A l’hôpital, on nous a tout de suite proposé une FIV, car les zoïdes de mon canard n’étaient pas si performants que cela, même s’ils étaient nombreux ! Et là, on a enchaîné les FIV, avec des résultats pitoyables : la première n’a donné aucun embryon. La 2ème non plus, malgré la méthode ICSI. La 3ème a permis de transférer un seul embryon, et la 4ème nous a donné deux embryons transférables. A chaque fois, c’était un échec. On a alors décidé de prendre d’autres avis médicaux avant d’abandonner. On a rencontré un paquet de médecins dont notre gynécologue fétiche, notre Général Croquette, que l’on a définitivement adopté !

Frédéric  Lopez : Cela compte, de se sentir entre de bonnes mains ?

Mme Icsi : C’est absolument essentiel. Avec elle, on n’avait plus à se poser de questions. Elle a repris tout notre dossier de A à Z, elle travaillait avec méthode, avec son réseau de spécialistes tous azimuts, et en plus avec une énergie qu’elle nous communiquait très bien !

Frédéric Lopez : C’est important, la transmission des énergies. J’ai appris cela avec une tribu en Amazonie, c’était une expérience incroyable, pleine de bienveillance… Mais je m’égare.

Mme Icsi (qui se demande ce qu’il y a dans la tisane de l’animateur) : C’est vrai. Mais surtout on savait que l’on pouvait suivre ses indications. Et pour elle, c’était clair que le don d’ovocytes était la solution, car nos résultats passés démontraient un défaut de qualité ovocytaire. On a bien tenté une dernière FIV avec elle pour ne pas avoir de regrets, mais la stimulation n’a même pas fonctionné tant mes ovaires étaient épuisés !

Frédéric Lopez : Cela a dû être un moment difficile, non ?

Mme Icsi : Oui et non. D’un côté, il fallait faire le deuil de mes gamètes, d’un enfant qui me ressemble, mais ce n’était pas essentiel pour moi. C’était surtout pour l’enfant lui-même que je trouvais cela triste, car c’est plus compliqué de naître d’un don de gamètes que de savoir que l’on est le mélange de ses deux parents. Mais je n’avais pas de regrets à avoir : nous avions vraiment tout essayé avant, ce n’était pas une solution de « facilité ». Et avec cette technique, les espoirs étaient réels, les statistiques n’avaient rien à voir. J’y croyais et mon canard aussi.

Frédéric  Lopez : Vous avez choisi alors la donneuse  ?

Mme Icsi : Non, pas du tout ! C’est mal connaître le don que de penser que cela se passe de cette manière… J’ai simplement « choisi » le pays de la donneuse, car en France, l’attente était bien trop longue pour seulement imaginer bénéficier d’un don, et mon âge avait cette fois bien avancé. On a aussi demandé conseil à notre gynécologue, à des amis, et après avoir contacté une clinique en Espagne, c’est finalement en République Tchèque que nous avons concrétisé cet incroyable projet. On avait rencontré l’équipe médicale avant, on avait confiance. Et puis c’étaient les mêmes conditions légales qu’en France, la FIV avec don d’ovocytes était même partiellement remboursée par la sécurité sociale. Cela évitait de nous donner l’impression de « frauder », de faire un bébé en douce, de manière presque honteuse. On était en République Tchèque, mais cela restait l’Europe, notre grand pays à tous. Je me suis vraiment sentie Européenne, à ce moment là ! Vive l’Europe, devraient crier les infertiles !

Frédéric Lopez : On en vient alors à l’essentiel. La FIV avec ce don a lieu, vous avez vécu cela comment ?

Mme Icsi : En fait, je me suis demandée comment j’allais vivre ces moments. Je me sentais prête dans ma tête après un si long parcours. J’avais eu le temps de lire bien des ouvrages, dont ceux d’Irène Théry, de réfléchir, de me poser plein de questions. Mais entre vivre les choses intellectuellement et les vivre émotionnellement et dans son corps, il y a un monde. J’ai vraiment pensé à la donneuse le jour de la ponction. Je savais ce que c’était, et je me suis sentie tellement reconnaissante envers cette inconnue de passer par ce geste médical qui n’est pas quelconque, je le sais, tout ça pour pouvoir faire un don. Je ne savais rien de ses motivations, mais je voulais lui crier merci si fort afin qu’elle puisse l’entendre depuis la République Tchèque !

Frédéric Lopez : C’est un geste merveilleux qu’elle a fait.

Mme Icsi : C’est vrai. On ne saura jamais si c’était totalement désintéressé ou pas, mais les sommes versées pour indemniser les donneuses ne sont pas telles que l’on puisse imaginer recourir au don uniquement pour l’argent. Nous penserons d’ailleurs à son geste tous les ans à Pâques !

Frédéric Lopez : Pourquoi à Pâques ?

Mme Icsi : Parce qu’en République Tchèque, pour Pâques, des œufs sont magnifiquement peints et décorés, pour être offerts. Nous en avons ramené quelques uns que l’on trouve dans des boutiques d’artisanat, et nous les sortons de leur boîte tous les ans à Pâques, pour décorer notre petit chez nous. C’est un magnifique œuf qu’elle nous a offert, ou plutôt cinq œufs devenus blastocytes, cette « matière première » sans laquelle nous n’aurions rien pu faire !

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Frédéric Lopez : Et alors finalement, le transfert a lieu. Cela se passe comment ?

Mme Icsi : Cela s’est passé comme un transfert ordinaire, si je puis dire, sauf que le gynécologue me parlait en anglais ! Cet embryon était le nôtre, c’était déjà « mon » œuf, fécondé par mon canard, et je voulais l’accueillir comme un trésor, de la même manière que pour les autres tentatives, mais avec tellement plus de chances que cela marche…

Frédéric Lopez : Et cela a marché ?

Mme Icsi : Non ! Enfin, pas du premier coup. La déception était à la mesure de l’espoir : énorme. Mais c’est surtout lors de l’échec du deuxième transfert que l’on a douté que cela marche un jour pour nous, alors qu’il y avait tellement de réussite dès la première ou deuxième tentative autour de nous.

Frédéric Lopez :  Et pourtant vous avez continué les traitements ?

Mme Icsi : Notre médecin, le Général Croquette, était convaincue que cela allait finir par marcher, alors on s’est laissé porter par son énergie. Mais nous sommes repartis pour un troisième transfert, après une opération, sans y croire. D’ailleurs, à peine arrivés sur place pour effectuer le transfert de deux embryons (cette fois, nous n’avions plus de raison d’être prudents !), nous avons commencé à discuter avec l’équipe tchèque de l’échec à venir et des causes possibles. On les a peut-être vexés, nos médecins tchèques, mais le fait est qu’ils ne voulaient absolument pas en parler. « Une étape après l’autre », nous a-t-on dit. Et en effet, cette fois, cela a marché, on a eu un beau taux positif et qui grimpait, grimpait…

Frédéric Lopez : c’est formidable cette énergie que l’on trouve au fond de soi devant les épreuves. Cela me rappelle le message d’un paysan que j’avais croisé au fond du Vietnam qui a dû faire face à une mauvaise récolte… mais je m’égare.

Mme Icsi (qui a décidé de prendre finalement une infusion car cela a l’air d’être de la bonne) : Oui, ce n’est sans doute pas comparable, comme épreuve, mais c’est vrai. Je n’imaginais pas, au début de notre parcours, avoir autant de ressources pour mener ce si long combat. On se surprend.

Frédéric Lopez : Et ensuite, comment s’est passée la grossesse avec ce don ?

Mme Icsi : Comme pour toutes les pmettes, il y avait l’angoisse que tout s’arrête d’un coup, car on a perdu toute innocence quand on est infertile. Et pour faire court, il y a eu pas mal de passages aux urgences ! Mais ce n’est pas le sujet. En fait, je veux surtout parler aux femmes qui se posent la question de savoir comment est vécu le don. A vrai dire, je me demandais si la question du don allait me perturber pendant cette période si spéciale de la grossesse. Pourtant, à aucun moment, je n’ai eu l’impression de porter un être « étranger ». Je portais mon enfant, celui que je désirais depuis tant d’années, que nous attendions ensemble, avec mon canard, et c’était évidemment le mien, uniquement le mien. Il respirait ce que je respirais, il mangeait ce que je mangeais, je l’irriguais de mon sang, il grandissait dans mon ventre. Cette cellule étrangère, fécondée par mon canard, je l’avais en quelque sorte absorbée en moi, elle était devenue mienne. Mais alors pendant la grossesse, je me suis demandée comment allait se passer « l’après »…

Frédéric Lopez : On n’arrête pas de se poser des questions chez les canards !

Mme Icsi : Pas faux ! Mais c’était une vraie question ! Après l’accouchement, est-ce que ce lien biologique que je vivais et ressentais dans mon corps allait cesser ? Est-ce que la figure de la donneuse allait perturber mon lien maternel avec notre caneton ?

Frédéric Lopez : Alors ?

Mme Icsi : Alors pas du tout ! A vrai dire, comme pour toute naissance je crois, il y a une phase de découverte mutuelle. J’étais sidérée qu’il soit là, celui que l’on n’osait plus espérer. Il avait enfin un visage, une réalité, une voix. Et il a fallu apprendre à se connaître, à se toucher, à communiquer. Je n’ai alors jamais pensé à la donneuse. Non pas que je sois une ingrate. Je n’oublierai jamais ce cadeau inestimable d’une inconnue. Mais on ne m’a pas donné un enfant, on m’a donné une graine précieuse que l’on a pu faire fructifier, c’est très différent…

Frédéric Lopez : C’est joli, cette image. Cela me rappelle une tribu d’Afrique qui offrait des graines de Baobab comme cadeau de naissance, mais je m’égare… Et alors, vous comptez en parler autour de vous ? Aujourd’hui, vous portez toujours un masque. Vous avez honte ?

Mme Icsi : Absolument pas ! Mais je veux préserver notre caneton de la bêtise des gens, ou au mieux de leur maladresse. Evidemment qu’il sera au courant des conditions de sa naissance, et de l’existence de ce don. Il n’y aurait rien de plus idiot que de lui cacher cette histoire, qui est une belle histoire d’amour, de désir, et de don. La rendre secrète l’enlaidirait inutilement. Il n’y a donc aucune raison de lui cacher cela, au contraire. Mais les mots peuvent blesser. Nous l’avons tellement vécu lors de ce parcours ! Pourtant, nous, nous sommes des adultes qui pouvons mettre les choses à distance. Alors un enfant, on peut le blesser gravement et pour longtemps avec une phrase bête du type « en fait tu sais que ta mère n’est pas ta vraie mère, n’est-ce pas ? »… Comment un enfant entend et interprète une telle phrase ?! Moi, je commence à avoir l’habitude des remarques idiotes, et j’ai eu le temps de réfléchir à ce que signifiait être mère. Mais lui ?! Et puis nous voulons nous-même lui raconter son histoire (on le fait déjà d’ailleurs !), et on le fera progressivement, selon son âge. Ensuite il choisira de la raconter à qui il veut, ou d’en faire son secret à lui, ce sera à lui d’en décider. Si nous le racontons trop largement, pour faire du militantisme (parce que cela nous tente tellement de militer pour le don, pour faire changer les mentalités !), on l’expose à des remarques inutilement blessantes.

Frédéric Lopez : Personne n’est donc au courant dans votre entourage ?

Mme Icsi : Si, bien sûr ! Nos parents, et une poignée d’amis très proches. Ils n’abordent d’ailleurs jamais le sujet, nous sommes tous tellement sidérés qu’il soit là, ce caneton, notre caneton. On se pince tous les matins, et je pense que cela durera jusqu’à la fin de nos jours.

Frédéric Lopez : C’est vraiment une histoire peu habituelle…

Mme Icsi : En fait, pas tant que cela. Dans le milieu médical, où nous indiquons systématiquement l’existence du don, nous avons découvert qu’il y a plein de femmes qui vivent cette expérience. L’infertilité est un vrai enjeu de société, il serait d’ailleurs temps que nos hommes politiques s’en rendent compte. Nous sommes bien plus nombreuses que je ne l’imaginais à traverser les frontières pour chercher ces  « graines à bébé », et ainsi réaliser un désir si profond. Notre caneton ne sera pas seul à vivre avec cette histoire, ce sera d’ailleurs plus facile pour lui, sans doute.

Frédéric Lopez : Et bien merci beaucoup, Canette. Vous nous avez livré votre témoignage avec beaucoup d’émotion, c’était un merveilleux moment, plein de bienveillance.

Mme Icsi (qui espère que Fred ne lui demandera pas de l’accompagner en terre inconnue car elle a peur des bestioles et n’est pas à jour de ses vaccins) : Allez, je vous laisse, j’ai un caneton à nourrir avec bienveillance justement…

 

 

37 réflexions sur “Qu’est-ce tu penses doudou du don ?

  1. J’ai eu exactement les mêmes interrogations et de mon coté et même après la naissance de Hardie j’y pensais encore en me demandant comment je lui expliquerai tout ça tout ça (j’ai déjà acheté tous les bouquins pour enfant sur la PMA, le don…), en ayant un pincement au coeur à chaque « elle a vos cheveux » ou « elle ne vous ressemble pas mais qu’est-ce qu’elle est jolie » (bon ça c’est énervant à plusieurs niveaux 😉 et puis finalement tout cela s’est totalement estompé et aujourd’hui je suis plutôt sereine. Au départ j’en parlai assez facilement, de façon assez militante mais aujourd’hui je pense aussi que c’est Hardie qui en parlera quand elle veut donc je ne le cache pas mais je ne le porte plus non plus comme un étendard…sachant que si nous on l’assume bien je suis sure qu’elle l’assumera aussi. J’avais rencontré des gens de l’ADEDD (Association des enfants Du Don) pendant ma grossesse et ça m’avait aussi aidé. Gros bizoux en tout cas!

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    • L’avantage d’un caneton c’est que l’on cherche plus les ressemblances avec son père qu’avec sa mère ! Je n’ai donc pas encore eu de remarques de ce genre… Pour le moment j’avoue que cela ne me travaille pas du tout. Bisous !

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  2. Merci pour ce merveilleux témoignage. Ici nous avons le don dans un coin de la tête, alors tout ce qui nous pousse à y réfléchir est plusqu’enrichissant. Et chapeau pour l’écriture, j’ai vraiment eu l’impression de regarder Frederic Lopez 😉

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  3. Pingback: Comment parler du don de gamètes à nos enfants? | in bed with fortuna

  4. La famille de mon compagnon a débarqué et sans connaître les détails de nos petits miracles ne font que commenter la ressemblance avec le père, je finis par me sentir spectatrice or c est à moi de faire le ménage dans ma tete et cet article m aide à remettre les choses à leur juste place. Ça me fait du bien de vous lire comme toujours. Bises aux trois palmipèdes.

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    • Aaaaaah les ressemblances ! Le grand jeu des familles ! Je comprends que cela te perturbe si les remarques sont nombreuses et insistantes. D’ailleurs dans un livre de souvenir pour bébé il y a une page « les ressemblances avec papa et maman  » que je trouve peu adroite ! Des bisous

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